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GRAND-LEEZ ET PETIT-LEEZ

par l'abbé Joseph TOUSSAINT

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PREMIERE SECTION : GRAND-LEEZ

Chapitre premier
LA GEOGRAPHIE
La situation, la graphie et l'étymologie
               A partir du 2 janvier 1977, Grand-Leez est entré dans Gembloux-sur-Orneau, devenu Gembloux en 1980. Depuis l'instauration du nouveau régime en 1795, c'était une commune du canton de Gembloux, dans l'arrondissement et la province de Namur.
               A l'origine de l'agglomération, on ne parlait que de Leez. Ce nom est venu de Lecem, mot latin rencontré au Xe siècle. La distinction entre Grand-Leez et Petit-Leez ne remonte qu'au XIIe siècle.
               En effet, Petit-Leez apparut dans les textes en 1173. Cependant, Grand-Leez, au lieu de Leez, n'est appliqué définitivement à la paroisse et à la seigneurie qu'au XVIIe siècle.
               D'autre part, Lacium ou Latium en latin a été traduit non seulement par Leez, mais par Laiz, Lais, Lays, Lez, Leiz, Lees, Les, Leys et Lay.
               La plus ancienne dénomination du lieu est donc Lach ou Lac. Elle est d'origine celtique. Elle remonte à une époque bien antérieure à la conquête romaine de 57-52 avant Jésus-Christ. Elle prend le sens de mare, de bourbier.
               Le ruisseau d'Aische-en-Refail, dont la source jaillit près du bois de Grand-Leez, s'appelait au IXe s. Lachara. On y retrouve la même racine celtique Lach que dans le nom primitif de Grand-Leez. Quant au suffixe -ara, il se rencontre dans le nom de beaucoup de rivières, telles Isara (Isère, Yser, Oise), Arara (Saône), Samara (Somme), etc. On lui reconnaît une origine celtique et le sens général de cours d'eau.
               De plus, dans l'ancien saxon lees signifie une prairie, un pâturage... En breton, leis veut dire mouillé, humide.
               Pendant des siècles, Grand-Leez a compté de nombreuses prairies marécageuses. Ces étendues herbeuses et gorgées d'eau avaient succédé à un lac, allant des confins de Gembloux jusqu'à ceux d'Aische-en-Refail. Au milieu du XIXe s., on voyait encore au milieu d'un vaste étang situé derrière l'église paroissiale de Grand-Leez les ruines d'un château-fort bâti sur pilotis. Les matériaux, récupérés lors de sa destruction complète, ont servi à exhausser le terrain des alentours.
La superficie et les limites
               Grand-Leez, avec le hameau de Petit-Leez et le château-ferme de Rèpeumont (Ripeumont), possède une superficie de 1.289 ha.
               Il est limité au Nord par Thorembais-Saint-Trond; à l'Est, par Perwez, Aische-en-Refail et Liernu; au Sud, par Saint-Denis et Meux; à l'Ouest, par Sauvenière et Lonzée.
Les lieux-dits
Parmi les lieux-dits de Grand-Leez, relevons :
-       Le Haut Tri (au Nord, près de Thorembais-Saint-Trond).
-       Taravisée (au sud du Haut Tri).
-       Seucia (au sud de Taravisée).
-       Sauci (entre la ferme de la Couverterie et le home Notre-Dame).
-       Warichet et la Taille Antoine (à l'est de Sauci).
-       Le Trou (au sud de Sauci).
Ajoutons-y deux ponts :
-       Le Pont du Gouffre (sur la Jette, près des étangs de la ferme du Long-Pont, à Thorembais-Saint-Trond).
-       Le Pont des Pages (à la ferme de Rèpeumont).
L'altitude
               Le terrain de Grand-Leez est légèrement ondulé. Il forme une plaine à sa partie occidentale, où se dresse l'église, à 159 m 50 d'altitude.
               Les cotes hypsométriques varient d'ailleurs de 176 m 25 à proximité de Liernu (à la hauteur de la chapelle Saint-Joseph) à 145 m environ, là où l'Orneau commence à former la limite entre la localité et Sauvenière.
               On trouve 172 m 50 au carrefour de trois anciennes communes : Grand-Leez, Sauvenière et Lonzée.
L'hydrographie
               Grand-Leez fait presque intégralement partie du bassin de l'Orneau. Cette rivière prend sa source dans la partie septentrionale de Meux. Après avoir coulé d'Est en Ouest pendant 600 m environ, elle reçoit un ruisseau, que l'on considère d'ordinaire comme un de ses générateurs. Elle adopte alors une direction Sud-Nord et pénètre dans Grand-Leez. Elle passe tout d'abord près du château-ferme de Petit-Leez. Puis, arrivée à proximité de la chapelle Saint-Joseph, elle reprend la direction Est-Ouest, sauf dans les parages du château-ferme de Rèpeumont. Là, en effet, elle coule du Sud au Nord jusqu'à l'embouchure de la Jette. Elle forme la limite entre Grand-Leez et Sauvenière, dans laquelle elle pénètre au sud de Petit-Manil.
               Outre le Ruisseau de Grand-Leez, issu des bois situés en bordure d'Aische-en-Refail, et la Jette, venue de Thorembais-Saint-Trond, l'Orneau reçoit le Ruisseau de Liroux. Une des sources de ce ruisselet alimente un étang. D'ailleurs, tout le territoire de Grand-Leez contient de nombreux points d'eau.
               A l'extrémité méridionale de Grand-Leez coule le Tri. Ce ruisseau, jailli à Saint-Denis, vient de Meux. Il se dirige vers Lonzée, où il forme l'Arton.
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               Cependant, comme l'a fait remarquer F. Delecour dans sa récente plaquette relative au bois de Grand-Leez, une partie des eaux de Grand-Leez, coulant à la lisière sud-est de la forêt, se dirige vers la Mehaigne : les ruisselets en question opèrent leur jonction aux environs de la ferme de la Bawette à Aische-en-Refail.
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               Enfin, les eaux provenant d'un petit nombre d'hectares situés à l'est du Bois de Grand-Leez sont tributaires du bassin de l'Escaut par l'intermédiaire de la Gadafe, un des générateurs de la Grande Gette.
La géologie
               Au point de vue géologique, Grand-Leez apparaît comme divisé en deux.
               L'Ouest de la localité appartient à l'étage bruxellien de l'Eocène moyen dans le groupe tertiaire. C'est dire qu'on y rencontre le sable jaune («calcareux vers le haut, avec bancs de grès»), et le sable vert («grossier, stratifié vers le bas»), possédant du gravier dans le fond.
               Le sable bruxellien présente une certaine finesse. Ses grains mesurent approximativement 0,2 mm.
               Cependant, à l'est de la localité, apparaît plus spécialement le limon hesbayen du quaternaire inférieur ou diluvien. II est grisâtre, mêlé de cailloux et de sable, stratifié, tel qu'on le décèle dans les principales vallées et dans les plaines moyennes. Des sondages opérés à Taravisée et près de la rue Delvaux (au nord du Trou) ont montré qu'il y possédait une épaisseur de 8 m.
               Le limon recouvrant le sable bruxellien est en fait du loess. Ses grains atteignent quelque 0,04 mm. Son épaisseur, très variable parfois sur une courte distance, dépasse même les 15 m dans la forêt. La différence provient de divers facteurs. Des dépressions ont accumulé les dépôts. Des sommets ont été rabotés par l'érosion.
               Entre le sable bruxellien et le loess apparaît parfois un dépôt argilo-sableux. Il date de la fin du tertiaire ou du début du quaternaire. Il est souvent panaché de base. Son grain mesure environ 0,15 mm. Il affleure sur une superficie étroite au nord du bois de Grand Leez.
               Le long de l'Orneau et de ses affluents se rencontrent des alluvions modernes des vallées.
La pédologie
               Le territoire de Grand-Leez est recouvert en majeure partie par des sols limoneux, dans lesquels le drainage s'opère naturellement. Des vallées secondaires asséchées coupent en de nombreux endroits ses plateaux agricoles. C'est dire qu'il convient pour la grande culture des céréales et de la betterave sucrière.
               Toutefois, comme nous l'avons déjà signalé, à l'est de l'agglomération abondent des sols humides, occupant une grande surface. Il en est de même pour les vallées de l'Orneau et de la Jette, où des sols tourbeux s'ajoutent aux sols humides. La prairie les occupe.
               Enfin, à proximité d'Aische-en-Refail s'étendent des bois. Couvrant environ 110 ha, ils sont réputés pour leurs chênes.
Le paysage agricole
               Grand-Leez possède quelques grandes fermes. Parmi elles, il faut compter celles de la Couverterie (Converterie), du Château et de l'Espinette.
               Quant aux petites exploitations agricoles, elles sont en voie de disparition. D'ailleurs, la pâture, favorisée par l'humidité du sol, se substitue de plus en plus à la culture.
               
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               Jadis, les marais de Grand-Leez contenaient des plantes rares en Belgique, ainsi que des animaux aquatiques, comme la poule d'eau, la sarcelle, la bécassine et surtout la loutre.
               Dans les bois adjacents, on voyait la bécasse.
La forêt
               Nous voudrions à présent résumer très succinctement l'histoire du bois de Grand-Leez, dont l'étendue actuelle est de 109 ha. Pour mieux la comprendre, quelques notions de vocabulaire forestier ne seront peut-être pas superflues.
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               On donne le nom de futaie aux arbres issus de semence et exploités seulement lors de leur plein développement.
               La raspe est un mot du vieux français. Elle indique une grosse branche provenant d'un arbre de futaie.
               Le mot taillis signifie un ensemble de petits arbres, issus de souches ou de drageons et coupés fréquemment.
               Le chêne et le hêtre sont appelés la haute fleur. Les autres essences constituent le mort-bois.
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               Dans notre pays, le recul de la forêt est dû avant tout à l'agriculture. Antérieurement à la conquête de Jules César (57-52 avant Jésus-Christ), la région de Grand-Leez était aux mains des Aduatiques, peuple de cultivateurs. Un premier déboisement fut leur œuvre.
               Les Romains l'ont continué, non seulement dans un but agricole, mais aussi dans un dessein militaire.
               Après quelques siècles de statu quo durant le haut moyen âge, la forêt fut sérieusement entamée dans les environs de Grand-Leez au cours des Xe et XIe s. A la fin du XIIe s., la famille de Leez et l'abbaye de Floreffe se la partageaient, mais les habitants y jouissaient du mort-bois dans une centaine d'hectares.
               En mai 1630, ils obtinrent le droit de glandée et en décembre 1768 celui de la raspe, à l'exclusion de celui de la haute fleur.
               A la fin du XVIIIe s., le duc de Looz-Corswarem planta des ormes dans la partie méridionale de la forêt. Un décret du 15 septembre 1784 précisa les droits du seigneur. Le Bois de Floreffe lui fut laissé en entier. Dans le reste, il gardait la futaie, mais le taillis revenait aux habitants.
               A la suite d'un procès intenté au vicomte Henri de Grimberghe, la commune de Grand-Leez obtint, le 1er décembre 1830, la propriété du bois de Grand-Leez.
               Cette forêt fut à diverses reprises divisée en coupes au cours du XIXe s. En 1865, la commune fut autorisée à raser deux coupes un tiers, pour subvenir aux frais de la construction de la maison communale.
               L'arrêté royal du 31 août 1953 délimita dans la forêt vingt-quatre coupes, d'une contenance moyenne de 4 ha 50. Jusqu'à ces dernières années, les habitants jouissaient du droit d'affouage, c'est-à-dire qu'ils bénéficiaient annuellement du taillis d'environ quatre hectares.
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               A la pointe méridionale de Grand-Leez s'étend la Campagne des Six Justices. Elle touche aux localités de Lonzée, de Meux et de Saint-Denis. Sous l'ancien régime s'y dressaient les piloris de six seigneuries (Grand-Leez, Petit-Leez, Meux, Saint-Denis, Lonzée et Liroux). Là aussi, d'après la tradition, les sorcières de Lonzée tenaient leurs sabbats. Quoique très fertile, cette campagne resta inculte, parsemée de broussailles, jusqu'à la fin du XVIIIe s.
L'industrie
               Jadis, on extrayait de la marne en abondance à Grand-Leez. L'industrie, disparue de nos jours, s'était orientée vers la coutellerie, la briqueterie et la brasserie.
               Un moulin à eau se dressait non loin de la ferme de la Converterie, à proximité du château bâti sur pilotis. Il était alimenté par un étang, faisant partie de plusieurs hectares de marais tourbeux existant encore vers 1880.
               Des deux moulins à vent restants, l'un est désaffecté; l'autre, le moulin Defrenne, est toujours en activité. Ses tenanciers fabriquent un pain réputé dans la région et dans bien des endroits de Wallonie. Des cars de touristes y viennent fréquemment.
Le chemin de fer
              La voie ferrée Gembloux-Perwez fut établie en 1865. Elle devait passer à Grand-Leez, près de la ferme de la Converterie. Mais le conseil communal, bourgmestre en tête, s'opposa à ce projet. Les arguments qu'il invoqua pour justifier son refus avaient cours alors un peu partout auprès des détracteurs de ce nouveau moyen de locomotion. A les en croire, les champs et les pâtures subiraient des dommages, à cause des vapeurs chargées de charbon que dégageaient les locomotives; le bruit du train inquiéterait le bétail et augmenterait la nervosité des habitants... Dès lors, la gare fut portée sur le territoire de Thorembais-Saint-Trond, à un endroit peu habité. Les gens de Grand-Leez eurent à marcher trois quarts d'heure pour l'atteindre. Après la dernière guerre, un autobus remplaça le chemin de fer.
Le climat et la population
               Grand-Leez est quelque peu abritée contre les vents du Nord par les bois, mais elle ne l'est pas contre ceux de l'Ouest, soufflant surtout au printemps. La température subit parfois de fortes variations au cours d'une même journée. L'air humide est cause de névralgies et de rhumatismes, particulièrement au début et à la fin de l'hiver. C'est à la fonte des neiges que les maladies se manifestent les plus fréquentes. Les orages sont nombreux, mais beaucoup moins redoutables que dans la vallée de la Mehaigne ou dans le sillon Sambre-et-Meuse.
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               Lors de son entrée dans la nouvelle commune de Gembloux-sur-Orneau, Grand-Leez comptait 1.448 habitants. Ce chiffre accusait un accroissement de la population au cours des années précédentes : 1.376 au 31 décembre 1971, 1.407 à la fin de 1972, 1.421 un an plus tard. Mais il marquait surtout un recul depuis l'année 1880, durant laquelle l'apogée fut atteinte. Qu'on en juge d'après les statistiques : 1.801 habitants en 1846, 1.763 en 1856, 2.066 en 1866, 2.074 en 1880 (année pendant laquelle Gembloux compta 3.482 habitants). Puis, la courbe descendit jusqu'après la guerre de 1940-1945 : 2.048 habitants en 1890, 1.867 en 1900, 1.796 en 1910, 1.628 en 1920, 1.615 en 1930, 1.507 en 1947.
               A cette diminution de la population, il faut chercher des causes multiples. Il en est qui ont atteint bien des villages : la défaveur dont souffre l'agriculture; la mécanisation du travail, réclamant moins de main-d'œuvre; l'attirance de la ville; l'arrivage sur le marché belge des produits alimentaires de pays lointains. Mais il en est aussi de propres à Grand-Leez telle par exemple la disparition de la petite industrie locale.
Chapitre deuxième
L'HISTOIRE

I - L'ANTIQUITE
Les vestiges des âges de la pierre
               On a mis au jour à Grand-Leez quelques vestiges du paléolithique, du mésolithique et du néolithique. Mais le manque de précisions au sujet de ces découvertes ne permet pas d'en tirer des conclusions.
Une monnaie de la première ligue des Belges contre César
               En 1905 fut trouvée à Grand-Leez une pièce en or jaune, de 6 gr 160 et d'un diamètre de 18 mm. Elle a été décrite ainsi par A. Mahieu : «Elle porte sur la face incurvée un grènetis [cordon de petits grains] entourant un cheval disloqué, sans queue, tourné vers la droite, la gorge fourchue, ayant entre les jambes un globe, un croissant et deux points. On voit au-dessus du cheval une sorte d'œil, deux croissants, cinq globules et une branche de gui en forme de H; derrière, un œil et deux ornements déformés. Dans l'exergue [le petit espace réservé à l'inscription] se trouvent une série de petits arcs ayant un point à l'intérieur de la courbe. La face convexe ne présente qu'une protubérance de forme ovoïde.» Cette pièce, déposée au Musée archéologique de Namur, ressemble à deux autres figurant dans la même collection, l'une trouvée à Ciney et l'autre à Evrehailles. D'où provient-elle ? Des Atrébates ? Des Nerviens ? Des Morins ? Mais les monnaies unifaces, présentant un cheval désarticulé, n'étaient pas propres à un seul peuple. Elles servaient de monnaie d'échange à toute une confédération. On les attribue à la première ligue des Belges contre César.
Les vestiges de l'époque romaine
               En 1876, des fouilles ont été pratiquées sous les auspices de la Société archéologique de Namur dans l'ancien bois de Floreffe, situé au nord-est de Grand-Leez et traversé par le chemin allant de cette localité à Aische-en-Refail. On y a mis au jour, sur quelque huit cents mètres, dix tombes réparties en trois groupes. Leur diamètre varie de trois à quinze mètres. Elles ont fourni des pièces de monnaie romaine, des débris de poteries et de verres, des clous, du charbon de bois, des cendres et des os calcinés.
               A cent cinquante mètres du troisième groupe de tombes, un tertre contenait les restes d'une construction. On y a recueilli des tuiles à rebords (mais brisées), des fragments de poterie, des clous, des petits morceaux de bronze et de fer. On y a décelé aussi la présence de deux foyers.
               Le Bois-des-Fosses contenait encore un autre tertre, nivelé lui aussi par la culture.
               L'existence de ce cimetière gallo-romain n'a rien d'étonnant, quand on sait que le médecin Gustave Nihoul, de Grand-Leez, avait déjà noté à la fin du siècle dernier l'existence de trente-neuf constructions de cette époque lointaine dans un rayon de deux km autour du centre de la localité. Elles étaient réparties comme suit : onze à Grand-Leez, une à Lonzée, cinq à Meux, une à Liernu, quatre à Aische-en-Refail, sept à Sauvenière, sept à Thorembais-Saint-Trond et trois à Perwez.
               A Grand-Leez, des substructions ont été décelées le long de la Large Voie, au Bois de Grand-Leez, à Maugré, à Laid Maule, au Sart-Postia, à la Ferme du Baty, à la Campagne du Champeau et à la Campagne Pitance.
               Le docteur Nihoul a fait don au Musée archéologique de Namur de deux tuiles estampillées CVS et FAL, provenant de ruines de villas romaines sises près de Grand-Leez. Le premier de ces sigles se rencontre fréquemment sur des tuiles trouvées dans la province de Namur, particulièrement sur la rive gauche de la Meuse.
               Le même Musée archéologique a reçu en provenance de Grand-Leez une quarantaine de monnaies : une grecque en bronze, frappée à Palerme en Sicile; une grecque, restée indéterminée; une consulaire, en cuivre; des impériales, s'étendant depuis Auguste jusqu'à Théodose.
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               Attirée par l'abondance de l'eau et par la fertilité du sol, une abondante colonie romaine s'était donc fixée à Grand-Leez. Elle pouvait rejoindre la grande chaussée Bavay-Cologne grâce à un diverticulum. Elle a exploité la terre plastique, une des richesses naturelles de l'endroit. Elle a érigé une poterie près de l'actuel château de Petit-Leez; une autre, quelque trois cents mètres plus loin. Elle a extrait de la marne et du minerai de fer, comme le prouve l'existence de plusieurs bures. Elle amenait l'eau au moyen d'un aqueduc, dont l'entrée subsiste encore. Elle a laissé de nombreux vestiges de son habitat, non seulement des traces de substructions ou des débris de vases, mais une lame de fer, une pièce meulière et d'autres objets.
               Néanmoins, on est peu porté de nos jours à voir dans Grand-Leez et ses environs le Geminiacum et le Geminicus vicus signalés par l'Itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger, ces deux guides routiers du Bas-Empire.
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            Englobée dans la cité des Tongres, Grand-Leez bénéficia de la paix romaine jusqu'à la fin du IIe s. Elle semble avoir subi l'invasion des hordes de Maternus, vers 187. En effet, elle n'a pas fourni de pièces de monnaies de la période allant de Marc-Aurèle (161-180) à Héliogabale (218-222). Comme la défense du Rhin était devenue insuffisante, la chaussée romaine de Bavay à Cologne fut fortifiée. Sans doute le quadrilatère trouvé au Bois de Buis est-il le reste d'un fortin destiné à protéger Grand-Leez et ses environs. En 355, la région de Gembloux fut abandonnée par ses habitants.

II - LE MOYEN AGE
De la propriété monacale à la seigneurie hautaine
               Comme toute la région gembloutoise, Grand-Leez paraît avoir été délaissée, au moins en majeure partie, au cours des périodes franque et mérovingienne.
               La première mention de Leez date du début du IXe s. En effet, par un acte daté du 2 avril 805 et rédigé dans la villa de Leez, un seigneur du nom de Nebelong donna à l'abbaye Saint-Denis, située près de Paris, ses biens étendus le long du Lachara à Aische-en-Refail.
               Limitrophe des pagi de Darnau et de Hesbaye, le village est attribué tantôt à l'un, tantôt à l'autre de ces cantons. Sous l'appellation de Lacium, il figure dans un polyptique de 868-869 détaillant les domaines de l'abbaye de Lobbes à cette époque.
               Il semble qu'à la suite des invasions normandes, Grand-Leez ait cessé d'appartenir au célèbre monastère de la Sambre. Au Xe s., on la retrouve en possession de l'abbaye de Saint-Denis. Puis, un seigneur séculier se l'appropria. Le 15 octobre 980, une sentence de l'empereur Otton II la restitua aux moines parisiens, avec leurs autres domaines de la Hesbaye.
               Mais, à l'époque féodale, les religieux furent à nouveau dépouillés de leur propriété de Grand-Leez au profit d'un laïc. La localité devint une seigneurie hautaine, dépendante du duché de Brabant.
               A tout prendre, elle traversa le moyen âge sans trop de difficulté.
La recluse du XIIIe s.
               Au milieu du XIIIe s., Grand-Leez posséda sa recluse. Par une charte datée du 22 avril 1244, cette solitaire, nommée Ivette, attesta qu'avant son entrée dans le reclusorium, elle avait légué tous ses biens aux Trinitaires de Lérines.
               «On bâtissait pour ces recluses une cellule murée et fermée de toutes parts, à la réserve d'une porte et de deux lucarnes, l'une pour recevoir la nourriture et l'autre, qui avait vue dans l'église, pour pouvoir entendre l'office divin. Le jour qui était marqué pour la clôture, la personne qui s'y consacrait, était conduite en grande cérémonie; le clergé précédait suivi d'une foule de peuple, attirée soit par la piété, soit par la curiosité : on chantait des hymnes, et une fois la cérémonie terminée, toute la communication avec le monde était interdite à la recluse. Son temps devait être employé à la prière et à la contemplation; elle ne pouvait parler qu'à son confesseur ou à quelqu'ecclésiastique d'une piété reconnue et avec la permission des surveillants» (A. Fallon).
Henri de Leez, prince-évêque de Liège (1145-1164)
               Grand-Leez eut l'honneur de donner en la personne de Henri de Leez un prince-évêque à Liège. Henri de Leez est cité comme chanoine de Saint-Lambert à Liège en 1139. L'année suivante, on le trouve archidiacre et prévôt de la cathédrale. Le 12 mai 1145, après la mort d'Albéron II, il est choisi comme évêque de Liège par le clergé et le peuple, unanimes dans leur vote.
               Il parvient à reprendre de mains laïques l'église de Laiz (Grand-Leez), avec ses biens, ses dîmes et ses autres dépendances. En 1153, il l'accorde au prieuré bénédictin de Basse-Wavre (une dépendance de l'abbaye d'Affligem). Il y ajoute douze bonniers de terre situés à Grand-Leez ou ses environs, et cédés par un autre Henri de Leez.
               Comme témoins de ses actes, il fait souvent appel à des membres de sa famille : Jean, Bérenger, Willelm, Gozelon, Philippe.
               Il confirme non seulement les donations de biens accomplies en faveur de l'abbaye de Villers-la-Ville à Baisy-Thy, à Villers même, à Tilly et ailleurs, mais encore la fondation de la grange (ferme) de Mellemont (près de Thorembais-les-Béguines), entreprise par les cisterciens brabançons. Étant au mieux avec saint Bernard, il lui donne l'église d'Aulne et toutes ses dépendances pour y bâtir un monastère. Grâce à lui, il entreprend la réforme du clergé liégeois.
               En 1152 meurt Thierry II, abbé de Waulsort. Les moines du prieuré d'Hastière en profitent pour réclamer un supérieur propre à leur couvent. Henri de Leez intervient pour y rétablir l'ordre. Grâce à lui, l'élection abbatiale se déroule sans incident, en présence des abbés de Lobbes, de Gembloux, de Florennes, de Floreffe et de Malonne, en mars 1152. Elle est favorable à Robert, prieur de Stavelot.
               En 1155, Henri de Leez suit Frédéric Barberousse en Italie. Avec lui, il se soumet à l'antipape Victor IV, opposé à Alexandre III. En 1161, il devient gouverneur de Milan. En 1164, à la mort de Victor IV, il refuse la tiare, mais il sacre un nouvel antipape Pascal III. Il meurt d'ailleurs la même année à Pavie, le 8 octobre. On l'enterre dans la cathédrale Saint-Lambert à Liège. Sans doute ne s'est-il pas rendu compte du mal causé par lui à cause de son adhésion au schisme. Il a entraîné à sa suite nombre d'institutions ecclésiastiques de son diocèse.
Wauthier de Leez, abbé de Floreffe (1280-1289)
               Grand-Leez a également fourni un abbé au monastère prémontré de Floreffe, en la personne de Wauthier de Leez (1280-1289).
               Le principal acte de l'administration de ce prélat consiste dans son démêlé avec le seigneur de Trazegnies.
               Vers 1135, Otton de Trazegnies et son épouse Helvide avaient cédé à l'abbaye de Floreffe, en partie en aumône, en partie contre trente marcs d'argent, le territoire de Herlaimont, situé entre le Piéton et la chaussée romaine de Bavay à Cologne. L'abbé Gerland (1134-1173) y établit un couvent de norbertines. Mais au chapitre général de 1270, il fut décidé de supprimer le second ordre norbertin. On n'admettrait plus de postulantes. Les chanoinesses d'Herlaimont furent remplacées par des prémontrés, sans doute à la mort de la dernière d'entre elles.
               Ce changement ne plut pas à Otton IV de Trazegnies. Il s'empara de l'abbé Wauthier de Leez en 1289, au moment où le prélat se rendait à Obaix. Il le fit mener vers le château de Florenville. Mais à Bouillon, l'abbé fut reconnu par le prévôt de la ville, qui le fit reconduire à Floreffe. Wauthier abdiqua en août et son successeur, Jean IV de Louvain (1289-1292), trouva le seigneur de Trazegnies prêt à reconnaître les droits de Floreffe sur Herlaimont. Quant à Wauthier, il vécut encore quatorze ans, estimé de tous ses confrères.
Les dénombrements des foyers en 1496
               Le 22 juin 1496, un dénombrement de foyers eut lieu à Grand-Leez. Il fut effectué par le curé, un échevin et le maître de la table du Saint-Esprit (le bureau de bienfaisance de l'époque). Il montra qu'il y avait alors dans la seigneurie neuf maisons habitées par des gens aisés, et vingt-six par des pauvres. Au surplus, un plein fief, appartenant à la veuve de Sombreffe, relevait du duc de Brabant. Enfin, les prémontrés de Floreffe possédaient dans le village une vigne.

III - LES TEMPS MODERNES
Les guerres
               II semble que Grand-Leez n'ait pas eu trop à souffrir des troubles et des guerres des XVIe, XVIIe et XVIIIe s., si funestes pourtant à bien des localités de la région. Qu'on songe, par exemple, à tout ce qu'ont enduré pendant ce temps Gembloux, Sauvenière et Argenton à Lonzée.
               Mais il est certain que Grand-Leez a subi les conséquences redoutables du passage et du séjour de troupes. Le va-et-vient des armées n'a pas manqué dans la Hesbaye namuroise, brabançonne ou liégeoise, durant les guerres de religion au XVIe s., les campagnes de Louis XIV et les hostilités déclenchées par la Succession d'Autriche. Qu'on en juge par le rappel de quelques dates :
            - Le 31 janvier 1578, don Juan d'Autriche vainquit à Gembloux l'armée des Etats. Mais avant comme après cette bataille, des bandes au service des Gueux ou de Guillaume d'Orange le Taciturne ont sillonné le pays, ravageant, pillant et incendiant tout sur le trajet.
            - En 1693, le maréchal de Luxembourg triompha du roi d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande, Guillaume III de Nassau, à Neerwinden, situé dans la province de Liège, tout près de Landen, donc à quelques kilomètres à peine de Grand-Leez.
               - En 1695, Guillaume III reprit Namur, occupé par Louis XIV depuis 1692. Il avait établi son camp à Gembloux et dans les environs.
               - En 1706, le duc anglais de Marlborough (un ancêtre de Winston Churchill) écrasa le maréchal français de Villeroy à Ramillies, une localité brabançonne proche de Taviers et donc peu éloignée de Grand-Leez.
               - En 1793, ce fut de nouveau à Neerwinden que les Français, sous la direction de Dumouriez, furent vaincus par l'armée autrichienne.
Les sceaux de la haute cour
               On connaît trois sceaux dont usait la haute cour de Grand-Leez. Ils reproduisent les armoiries de ses seigneurs successifs.
               Aux XIVe et XVe s., sur le blason figurent les armes des Diepenbeek, possesseurs de la seigneurie en 1344.
               Un sceau de 1652 est à celles de la famille d'Argenteau : le 30 juillet 1614, Jacques d'Argenteau avait acquis la seigneurie de Grand-Leez d'Ernest, comte de La Marck.
               Enfin, un sceau de 1700 reproduit l'écusson des Corswarem : Jean-Hubert de Corswarem, baron de Longchamp, avait épousé en 1673 Marie-Claire-Thérèse d'Argenteau. En 1734, la ville de Wavre et cinq seigneuries, dont celle de Grand-Leez, furent érigées en duché au profit de Louis et de Joseph, comtes de Corswarem-Looz.

IV   L'EPOQUE CONTEMPORAINE
Le régime français (1794-1815)
               A la suite de la conquête de notre pays par les sans-culottes, en 1794, le régime français fut implanté dans nos provinces. Comme la plupart des localités, Grand-Leez eut à en souffrir.
               De lourds impôts pesèrent sur une population, déjà obligée par les conditions économiques et sociales, dans lesquelles elle vivait, à se contenter du nécessaire.
               La conscription coûta la vie à une vingtaine de jeunes gens. Ces soldats enrôlés de force moururent sur les champs de bataille d'Espagne et de Russie, quand ce ne fut pas dans des hôpitaux en Allemagne et en France. Lorsque sonna le déclin de l'Empire, le nombre des réfractaires augmenta. Ils rencontrèrent la sympathie et l'aide de la population. Ceux qui s'étaient cachés dans le bois de Buis furent ravitaillés la nuit par des gens de Perwez.
               Lors de la première campagne menée en France contre les troupes impériales en 1814, des Russes et des Saxons cantonnèrent à Grand-Leez. On ne déplora aucun excès de leur part. Tout au plus fallut-il fermer les yeux, lorsque des Cosaques chapardaient des chandelles, car ils étaient très amateurs de suif. Les objets réquisitionnés furent payés par l'intendance : 12 frs pour un porc, 60 frs pour un bovidé.
               En juin 1815, Grand-Leez subit les contrecoups de Ligny et de Waterloo. Le 18, des troupes françaises de Grouchy et de Van Damme passèrent par le village, à la recherche des Prussiens. Elles se dirigèrent enfin vers Waterloo par le vieux chemin de Wavre.
               Après la défaite napoléonienne, beaucoup de blessés furent hospitalisés à Grand-Leez. Les Prussiens réquisitionnèrent des fermiers et des attelages, pour transporter les invalides et le matériel dans le pays de Liège.
               Les habitants eurent à se plaindre tant des Français que des Prussiens. A la chute de l'Empire, le curé chanta un Te Deum.
Le régime hollandais (1815-1830)
               Au cours du régime hollandais, il semble que Grand-Leez ait vécu des années plutôt paisibles. Les grands problèmes politiques de l'époque ne passionnaient guère ses habitants.
               En 1829 circulèrent dans le pays des pétitions cherchant à obtenir du gouvernement le redressement de certains torts. Le ministre Van Maanen demanda aux bourgmestres de lui signaler les noms des signataires de ces adresses. Le bourgmestre de Grand-Leez lui répondit que dans sa commune, aucune pétition n'avait circulé; que, dans le cas contraire, elle aurait été «rejetée avec indignation par tous les fonctionnaires».
               C'est à peine si les Grand-Leeziens se rendirent compte d'un changement de régime en 1830. Les registres communaux portèrent des arrêtés au nom d'un nouveau roi, qualifié roi des Belges au lieu de roi des Pays-Bas. Et la vie continua son train-train habituel...
L'indépendance (1830)
               Dans son Dictionnaire géographique de la Province de Namur, Philippe Vander Maelen nous fait connaître la situation de Grand-Leez en 1830.
               Sur une superficie de 1.289 bonniers vivaient 1.218 habitants, adonnés pour la plupart à l'agriculture et à l'exploitation forestière.
               Ils cultivaient le froment, le seigle, l'épeautre, l'avoine, les féveroles, les pois, les vesces, les trèfles et les légumes. Ils récoltaient le foin. Ils élevaient 68 chevaux, 60 poulains, 140 bêtes à cornes, 300 porcs et 600 moutons.
               La localité était pourvue d'une église, d'une maison communale, d'une école primaire, de quinze fermes (dont cinq à grande tenue), de deux cent soixante-sept maisons, de deux moulins à vent et d'un moulin à eau (alimenté par le ruisseau de Grand-Leez), d'une brasserie.
               Elle comptait un pharmacien, quatre marchands de porcs et un nom d'affaires.
               Les chemins vicinaux étaient peu praticables l'hiver. Sept ponts en pierre étaient jetés sur l'Orneau et les ruisseaux. Les inondations, fréquentes sur un terrain argileux peu accidenté, étaient fort nuisibles, particulièrement pour les propriétés riveraines des cours d'eau en crue.
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               Après un procès mené pendant plus de vingt ans contre la famille de Grimberghe, la commune de Grand-Leez acquit, le 1er décembre 1830, le bois de Grand-Leez. Jusque vers 1965, elle fit bénéficier ses habitants du droit d'affouage : elle accorda annuellement à chaque ménage la coupe d'environ 4 ha.
Les écoles communales (1844-1846)
               Grâce à un petit registre conservé dans les archives paroissiales de Grand-Leez, nous possédons quelques renseignements concernant les écoles primaires communales de la localité durant les années 1844, 1845 et 1846.
               Ces écoles étaient au nombre de deux. Elles s'adressaient aussi aux enfants de Petit-Leez. Celle des garçons était tenue par un diplômé d'école normale, et par un sous-maître, le fils du maître, dépourvu de certificat. Celle des filles était dirigée par deux Sœurs de la Providence, dont la maison-mère se trouvait à Champion.
               Environ 330 enfants, dont 220 indigents, étaient inscrits sur les listes scolaires. Mais une trentaine d'entre eux manquaient d'assiduité : on ne les voyait en classe que trois, deux et parfois seulement un mois par an.
               On déplorait un certain laisser-aller dans la tenue des garçons. Chez eux, la propreté de la tête, des mains et du visage n'était guère rigoureuse. L'été, ils couraient pieds nus. Leur silence durant les cours était très relatif.
               Garçons et filles étaient séparés les uns des autres, d'autant plus soigneusement que la scolarité, commencée à six ans, durait jusqu'à quatorze ans. Les heures de sortie des classes n'étaient pas les mêmes pour les deux écoles : les filles partaient à 11 et à 16 h, les garçons un quart d'heure plus tard.
               L'instruction religieuse et morale occupait une grande place dans l'horaire des cours : cinq heures par semaine chez les garçons, six heures chez les filles. L'inspection de cet enseignement était accomplie régulièrement par le curé ou par le vicaire de la paroisse, jusqu'à deux fois par semaine. Un crucifix pendait au mur dans chaque classe. Les prières étaient récitées à genoux avant et après les cours. Un catéchisme spécial, donné par le curé ou son vicaire, préparait les enfants à la première communion solennelle. Il se donnait une heure par jour, de onze heures à midi. Une retraite de trois jours disposait directement les futurs communiants à la grande solennité de l'eucharistie.
               L'éducation des filles était plus soignée, mais leur instruction religieuse moindre que celle des garçons.
               Les instituteurs recevaient un traitement communal de 200 francs, auxquels s'ajoutaient les 75 centimes donnés par tout élève payant et les 65 centimes versés par le bureau de bienfaisance pour chaque indigent. Les religieuses obtenaient un fixe de 700 francs, alloué par la commune et par le bureau de bienfaisance.
Les changements du milieu du XIXe siècle
               A partir de 1845, des changements d'importance furent introduits dans l'agriculture. Au lieu d'utiliser uniquement des chevaux pour le labour, on se servit aussi de vaches. Comme le prix des céréales était alors en hausse, les petits cultivateurs y trouvèrent leur bénéfice. Au surplus, après la moisson, ils pratiquèrent un déchaumage. Ils obtinrent ainsi la possibilité de se procurer ce qu'ils appelaient une «récolte dérobée». Ils approfondirent les sillons; ils recoururent à des engrais artificiels; ils drainèrent des terres humides. De tous ces travaux, ils tirèrent de sérieux avantages.
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               Malheureusement, au cours des années 1850 et suivantes, une crise économique sévit. Elle frappa durement les gens pauvres. Un journalier ne gagnait alors que l'équivalent de quatre pains. Une livre de viande de chien se vendait six centimes. On devine la misère qui en résulta pour nombre de familles.
La situation générale vers 1880
               Le docteur Gustave Nihoul, dont la Notice hygiénique concernant Grand-Leez date de 1881, parle ainsi des habitations et des routes telles qu'elles étaient vers 1860 :
               «A part quelques maisons, commodément construites, appartenant à certaines familles aisées de la commune, les autres étaient généralement en bois et en torchis et couvertes de chaume; elles étaient mal aérées, remplies et entourées de détritus de toutes sortes.
               La plupart des chemins n'étaient pas pavés et n'avaient pas d'égouts pour l'écoulement des eaux et des ordures. Aussi, quand survenaient les pluies ou la fonte des neiges, ces ruelles étaient transformées en cloaques infects. La boue, contenant des matières végétales putréfiées et des déjections de toutes sortes, couvrait tellement le sol que là circulation devenait difficile. Il s'exhalait de ces chemins, sans cesse piétinés et remués par le passage des chevaux et des chariots, de notables quantités de carbures hydriques et de miasmes «putrides...»
               Au cours des vingt années précédant 1880, des incendies ont détruit à Grand-Leez une centaine de maisons ouvrières où le bois dominait. Elles ont été remplacées par des habitations construites en briques et couvertes de tuiles. Mais elles restaient exiguës. Parents et enfants devaient y partager l'unique chambre à coucher. On laissait se corrompre la paille des lits, on ne lavait que rarement les draps, jamais aérés comme il faut. D'autre part, le sol non pavé accumulait les saletés. Les latrines manquant très souvent, on se contentait de simples fosses, peu profondes, creusées derrière la maison. Même la propreté corporelle laissait à désirer. Des rhumatismes n'avaient parfois pas d'autre cause que la saleté de la peau et disparaissaient avec l'usage du savon.
               Des cadavres d'animaux (chiens, chats, taupes) restaient étendus à même le sol dans des endroits proches du village, quand ce n'était pas dans l'agglomération elle-même. Les moustiques qui y cherchaient leur nourriture provoquaient des maladies de peau chez les gens et les bêtes qu'ils piquaient.
               On ne sera donc pas étonné d'apprendre qu'à Grand-Leez, certaines maladies infectieuses, telles que la fièvre typhoïde et les angines couenneuses, existaient à l'état quasi endémique. Comment aurait-il pu en être autrement ? Les marais, surtout à l'époque de leur curage, répandaient dans l'air des miasmes. Les routes, en mauvais état, étaient bordées par des eaux de purin. Les liquides viciés, qui imprégnaient le sol, contaminaient les puits insuffisamment étanches. Dans les maisons, la propreté, l'espace et l'aérage laissaient gravement à désirer.
               Ajoutons à ce sombre tableau que les odeurs pestilentielles provoquaient des gastrites ou des accidents nerveux; que les brouillards accentués par les marais causaient des conjonctivites.
               Tout particulièrement vulnérables, étaient les enfants au-dessous de quatre ans : ils fournissaient près de la moitié des décès annuels.
               Vers le milieu du dix-neuvième siècle, un certain nombre de Grand-Leeziens avaient émigré, surtout au Canada. Cependant, vers 1880, la population atteignit son chiffre maximum. Parmi les causes expliquant cette apogée, il faut signaler en premier lieu, semble-t-il, le partage des biens communaux. Cette distribution a fait affluer nombre d'étrangers à Grand-Leez. D'autre part, pour pouvoir bénéficier de l'affouage réservé aux ménages, les jeunes gens ont cherché à se marier plus tôt que jadis.
               Néanmoins, la moitié de la population au moins, - soit 225 familles - était considérée comme plus ou moins indigente. Elle recevait gratuitement les soins médicaux et les produits pharmaceutiques. Elle ne devait rien payer non plus pour l'instruction de ses enfants. Les gens plus nécessiteux encore obtenaient des secours en argent. Il eût peut-être été plus judicieux de leur fournir du charbon, des vêtements, de la literie, des vivres, car les pièces de monnaie n'étaient pas toujours employées pour couvrir de réels besoins. D'une façon générale d'ailleurs, le goût du luxe, surtout dans le vêtement, gagnait jusqu'aux couches basses de la population. Il les incitait à se priver du nécessaire pour y satisfaire.
               A la fin du XIXe s., il y avait encore à Grand-Leez deux brasseries, deux moulins à vent et un moulin à eau.
               Quant au commerce, il était alimenté par les céréales et l'élevage de chevaux, de bêtes à cornes et de porcs.
La guerre de 1914-1918
               Dans la nuit du 3 au 4 août, des fantassins du 13e de ligne de l'armée belge campèrent à Grand-Leez. Ils partirent vers l'Est le lendemain.
               Le 14 août, à 9 h, plusieurs milliers de soldats français (dragons, cuirassiers, cyclistes) arrivèrent à la ferme de Longpont (limitrophe de Grand-Leez). Ils repartirent vers Sauvenière à midi. A 14 h, cinquante dragons allèrent en reconnaissance dans la direction de Perwez. Des Allemands s'étaient cachés derrière le remblai de chemin de fer aux Cinq Etoiles. Ils tirèrent sur eux. Les Français se replièrent en hâte vers la ferme de Longpont. Ils y furent faits prisonniers.
               Le 16 août, un cycliste de Grand-Leez, se rendant à la gare, tomba sous le feu de l'ennemi.
               Le 18, un autre Grand-Leezien, traîné jusqu'à Autre-Eglise, fut également abattu par les Allemands. Il avait commis l'imprudence de toucher la crosse du fusil d'un soldat.
               Le 19, les Allemands, en provenance de Sauvenière, entrèrent à Grand-Leez. Ils emprisonnèrent les hommes à l'église. Ils purent ainsi piller plus à l'aise les maisons. Le lendemain, ils partirent pour Thorembais-Saint-Trond.
               En 1916, des déportés furent mis au travail Outre-Rhin.         D'autre part, à la fin de la guerre, la grippe espagnole causa cinquante-deux décès à Grand-Leez.
La guerre de 1940-1945
               Avant l'arrivée des Allemands à Grand-Leez le 13 mai 1940, le village avait été presque totalement déserté par ses habitants, en fuite vers la France.
               Quand l'exode eut pris fin, un petit groupe de résistants se constitua à Grand-Leez. Des jeunes gens démolirent des installations de l'ennemi. Des patriotes au courage héroïque cachèrent chez eux des prisonniers russes évadés. Certains d'entre eux furent d'ailleurs repérés par l'ennemi. Ils durent aller dans des camps de concentration en Allemagne, où plusieurs moururent.

Chapitre troisième
LES SEIGNEURIES

I - LA SEIGNEURIE HAUTAINE
La nature
               Située dans le duché de Brabant, la seigneurie hautaine de Grand-Leez était vassale de celle de Perwez. Son gibet semble avoir été dressé dans la Campagne des Six Justices, étendue à proximité de Petit-Leez, de Liroux, de Lonzée, de Meux et de Saint-Denis.
               Plusieurs fiefs relevaient de sa cour féodale, notamment la moitié de la seigneurie de Wanfercée.
Le manoir
               Le manoir de Grand-Leez était dressé sur pilotis dans un endroit marécageux, situé au sud de l'église actuelle. Il présentait des murs forts épais, entourés d'eau. Il était dû à un comte de Looz. Aux XVe et au XVIe s., son nom figurait dans les registres de la cour féodale de Brabant sous l'appellation de «vieille maison de l'Ornoir ». On y accédait par un pont-levis, commandant l'entrée d'une tour appelée le donjon. Ses ruines furent démolies vers 1840.
               Il en advint de même de la ferme seigneuriale, élevée à quelque cent mètres de son enceinte. Dans cette exploitation agricole, une salle aveugle, aménagée au bas d'une tour de défense, servait sans doute de prison.
Les premiers seigneurs
               Les premiers seigneurs étaient appelés de Leez. En 1067, l'un d'eux est cité, en même temps que le comte Albert de Namur, comme témoin dans une charte de donation établie en faveur de l'abbaye de Stavelot.
               En 1107, les frères Francon et Renier de Laiz sont nommés dans un diplôme octroyé à l'abbaye d'Affligem par Godefroid, duc de Lotharingie et comte de Louvain.
               A Liège, le 22 mai 1133, avec le comte Godefroid de Namur et son fils Henri, ainsi que des nobles de la cour namuroise, Jean de Lays prêta le sarment d'observer les dispositions concernant l'avouerie de Gerpinnes, déterminées par l'évêque de Liège Albéron II.
               Ce Jean de Leez avait un frère, Bérenger. On les trouve tous deux à Liège, le 25 février 1140, comme témoins d'une donation accomplie à l'avantage du monastère de Brogne (Saint-Gérard).
               Son fils Nicolas-Charles-François-Alexandre lui succéda. Il épousa successivement Anne-Françoise de Trazegnies et Marie-Anne comtesse de Mérode. Mais il n'eut pas d'enfant.
               Après lui vinrent ses deux neveux Charles-Louis et Charles-Alexandre, comtes de Looz-Corswarem, puis leur cousin Guillaume-Joseph (1792).

II - LES DOMAINES ECCLESIASTIQUES
Le domaine de l'abbaye de Floreffe
               En 1145, un descendant de la maison de Leez, Conrad de Moul (Meux ?), revêtit l'habit monacal au prieuré bénédictin de Basse-Wavre, une dépendance de l'abbaye d'Affligem (à Hekelgem, près de Bruxelles), fondée vers 1083-1086 par le comte Henri III de Louvain. Il donna à son couvent ses biens fonciers de Grand-Leez.
               En 1153, Henri de Leez, prince-évêque de Liège, y ajouta l'église de Grand-Leez, douze bonniers de terre et de prés, reçus à cet effet d'un autre Henri de Leez, époux d'Ode.
               Tout cet ensemble devint en 1175 la propriété de l'abbaye norbertine de Floreffe. En effet, un échange fut opéré entre les bénédictins d'Affligem et les prémontrés du rivage de la Sambre. Les premiers abandonnèrent aux seconds leurs domaines de Grand-Leez : l'église et ses terres, la ferme et la moitié d'un moulin. En retour, les autres cédèrent au prieuré de Basse-Wavre l'alleu qu'ils détenaient à Bercenbais-lez-Wavre.
               En 1197, l'évêque de Liège Albert de Cuyck confirma à l'abbaye de Floreffe ses possessions de Grand-Leez.
*
               Vers 1197, d'après une déclaration de Henri, duc de Lotharingie, les chevaliers de Leiz, Thomas, Gauthier et Enguerrand, renoncèrent à toutes leurs prétentions concernant les propriétés des norbertins à Grand-Leez.
               A la même époque, un accord semblable intervint entre les prémontrés et Henri de Leez.
               En 1204, peu avant de partir en croisade, Thomas de Leez abandonna en faveur du monastère de Floreffe les droits qu'il prétendait détenir sur huit bonniers de terre sis à Grand-Leez. Son épouse, Emma, donna à la même abbaye quatre arpents d'alleu, situés à Bruy sous Grand-Leez. Cette terre fut cédée par les religieux à un certain Pierre, contre un cens de deux deniers par an.
               En août 1225, Thomas de Leez partagea des terres et des bois entre lui et l'abbaye de Floreffe.
               Chose étonnante pour nous, mais d'une nature fréquente au bas moyen âge : une contestation surgit entre les prémontrés de Floreffe et les bénédictins d'Affligem à propos de la donation accomplie en 1175 par l'abbé Arnoul d'Affligem. Il fallut recourir à l'arbitrage épiscopal. Le 27 juillet 1233, Jean II, prince-évêque de Liège (1229-1238), trancha le différend en faveur des prémontrés de la Basse-Sambre.
               En mars 1255, l'abbé de Floreffe Thierry 1er (1254-1268) conclut un accord avec le chevalier Thomas au sujet de la taille et du pâturage dans les bois de Grand-Leez. Le chevalier agit de même avec les manants de la localité.
               Par lettres datées du 8 novembre 1292, Godefroid de Vianden, seigneur de Corroy-le-Château, et son fils Philippe, accordèrent à l'abbaye de Floreffe certains droits à Grand-Leez, comme à Bothey, à Corroy-le-Château et à Ardenelle (Sombreffe).
Les droits des manants
               A la fin du gouvernement de Godefroid III, duc de Brabant (1142-1190), Henri de Grand-Leez donna au monastère de Floreffe deux cents bonniers de bois, contre une redevance annuelle de huit sous quatre deniers. Les religieux entreprirent de défricher la forêt. Mais les manants de l'endroit se sentirent lésés par cette œuvre. Ne possédaient-ils pas le droit de mort-bois ? En d'autres termes, ne pouvaient-ils pas disposer à leur guise de toute essence autre que le chêne et le hêtre dans chaque étendue plantée d'arbres, sise dans les limites de la seigneurie ? Ils firent part de leurs revendications à Henri 1er, duc de Brabant (1190-1235).
               En 1191, ce prince territorial essaya de contenter les deux parties en cause. Il autorisa les prémontrés à essarter cent bonniers. Mais il laissa aux habitants de la localité le mort-bois dans les cent autres. Parmi les témoins de la charte réglant cette affaire, il fit figurer Henri de Grand-Leez et Henri de Petit-Leez.
Les droits de l'avoué
               En 1365, une contestation surgit entre les prémontrés de Floreffe et leur avoué pour leurs biens-fonds de Grand-Leez, à savoir Thierry de Hornes.
               Ce seigneur de Perwez réclamait les droits de corvées, de gîtes et d'autres encore sur les terres de son avouerie.
               Les corvées n'étaient pas spécifiées. Quant au droit de gîte, il aurait permis à l'avoué et à sa suite d'être logés et nourris aux frais de l'abbaye, lors de leur passage annuel. En outre, chaque fois que le duc et la duchesse de Brabant entreprendraient une expédition avec leur armée brabançonne, le monastère aurait à fournir à son protecteur laïc un char tiré par quatre chevaux, rempli non seulement d'autant de pains qu'on pouvait en obtenir en pétrissant l'équivalent de quatre mesures de grain nu, mais aussi de fromages, en proportion de la quantité de pain fournie de la sorte. De plus, il aurait à rendre de «menus services», comme l'élevage annuel d'un certain nombre de chapons et d'autres animaux.
               De son côté, l'abbé de Floreffe prétendait que ses domaines de Grand-Leez ne pouvaient pas être assujettis à ces obligations.
               Un accord intervint entre les parties en cause. Il fut conclu devant la cour féodale de Brabant, réunie à Bruxelles, le 4 octobre 1365, en présence du duc Wenceslas de Luxembourg et de la duchesse Jeanne. Il s'accomplit avec toutes les modalités d'usage de dévêture et d'investiture, relativement à la maison, à la ferme et à toutes les dépendances de Grand-Leez, en ce qui concernait les services. Il fut notamment stipulé qu'en qualité d'avoués des biens du monastère de Floreffe à Grand-Leez, le sire de Perwez et ses successeurs recevraient annuellement de l'abbé un muid d'avoine, mesure de Perwez.
Les droits du seigneur hautain
               Au début du XVIIe s., un conflit surgit entre le prélat de Floreffe et le seigneur hautain, concernant leurs droits respectifs à Grand-Leez. Ils vidèrent leur querelle à l'amiable, lors d'une réunion au château de Grand-Leez, le 2 mars 1618.
               A cette assemblée, le quarante-quatrième abbé de Floreffe, Jean Roberti, était assisté du curé de Grand-Leez, de son procureur et de son secrétaire. De son côté, Jacques d'Argenteau, seigneur de Grand-Leez et de Velaine-sur-Sambre, comparut avec le bailli et greffier de Grand-Leez, le maïeur et le lieutenant grand bailli du roman pays de Brabant.
               Voici quelles furent les conventions établies alors :
               - L'abbé de Floreffe toucherait les droits seigneuriaux sur tous les transports (changements concernant les propriétés) accomplis dans sa seigneurie foncière (masures, censés, terres, bois, etc.). Dans les forêts du monastère, il pourrait abattre les chênes requis à la réfection de l'église et de la censé de la Couverterie.
               - Le seigneur hautain percevrait les amendes. Il jouirait des droits coutumiers d'usage dans les bois de Floreffe, dans lesquels d'ailleurs il aurait la possession des chênes et des hêtres.
               En 1141, c'est un Hadelard de Lez qui, avec Bérenger, est nommé dans une confirmation de possessions octroyée par l’évêque Albéron II au couvent de Géronsart.
               En 1173, Henri de Grand-Leez, homme de condition libre, donna aux prémontrés de Floreffe deux cents bonniers de bois, contre une rente annuelle de huit sous quatre deniers.
               En 1197, avec ses fils Thomas, Walther et Enguerrand, il contesta à ces religieux la légalité de leurs possessions à Grand-Leez. Mais il s'inclina devant la sentence portée en faveur des norbertins par le tribunal du prince-évêque de Liège, Albert de Cuyck.
               Avec l'accord de sa femme Ode et de ses fils, il donna une terre inculte à l'abbaye cistercienne de Villers-la-Ville.
Les fils de Henri de Grand-Leez
               Voyons à présent ce que l'on sait des quatre fils de Henri de Grand-Leez.
               L'aîné, Thomas, devint chevalier. Il partit en croisade, sans doute avec le duc Henri Ier de Brabant (juin 1197). A son retour, vers 1204, il gratifia de huit bonniers de terre le monastère de Floreffe. Sa femme s'appelait Emma; ses enfants, Michel et Sibille.
               En juillet 1245, dans une réunion féodale tenue à l'abbaye de Gembloux, il consentit à ce que Walther, chevalier de Cortil, donnât au prieuré des augustins sis à Oignies (Aiseau), avec trente-quatre bonniers, la dîme et le patronage de Wanfercée, fief mouvant de Grand-Leez. Il avait à cet effet réuni ses hommes de fief, parmi lesquels figuraient les sires de Walhain, de Ferooz et de Liroux.
               Comme Thomas ne possédait pas de sceau, l'abbé de Gembloux, Arnoul, apposa le sien sur le document.
               En mars 1255, Thomas régla avec l'abbé de Floreffe et les «masuirs» de Grand-Leez la question de la taille et du pâturage dans les bois de l'abbaye à Grand-Leez. Il admit ainsi que les manants pourraient mener paître leurs bêtes dans les bois dépassant neuf ans d'âge.
               Enfin, en avril 1255, il donna aux prémontrés de Floreffe la moitié du trieu dit le Cler Bos, situé entre le chemin de Perwez et les champs du monastère.
               Le deuxième fils de Henri de Grand-Leez s'appelait Siger. Il se fit moine à Villers-la-Ville. Il octroya à son couvent quatre bonniers de son alleu, moyennant un cens de deux deniers par an. Ses parents joignirent à cette gratification une certaine étendue de terre.
               Le troisième fils, le chevalier Walther, épousa une prénommée Marguerite. Pour la célébration liturgique de l'anniversaire de leur mort, les époux laissèrent à l'abbaye de Floreffe deux bonniers de terre, sis à Bodrival près de l'Epine à Grand-Leez.
               Quant au quatrième fils, Enguerrand, on ne sait rien de sa vie.
               Après le début du XIVe s., il n'est plus question, semble-t-il, de la famille de Grand-Leez.
Les vicissitudes des XIVe, XVe et XVIe s.
               Au quatorzième siècle, la seigneurie hautaine de Grand-Leez, relevant alors certainement du duché de Brabant, changea souvent de main.
               En 1329, on la trouva dévolue à Jean de Racour ou Raatshoven (actuellement dans le canton de Landen); puis, à Guillaume de Kersbeke, auquel succéda son neveu Guillaume de Puttel 1344).
               En 1346 apparut comme seigneur de Grand-Leez Louis de Diepenbeek, qui, du chef de sa femme, était aussi seigneur de Froidmont (Moustier-sur-Sambre) et avoué de Jemeppe-sur-Sambre.
               La seigneurie revint ensuite à son fils Henri, puis à la maison de Sombreffe, en la personne de Wuillaume, cousin du précédent.
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               A Wuillaume de Sombreffe succéda son fils, prénommé comme lui. Mais, après la mort de ce dernier, la seigneurie de Grand-Leez paraît avoir été divisée. En effet, le 28 décembre 1435, Jean de Sombreffe, le fils puîné de Wuillaume II, ne fut investi que du tiers du château et de quatorze bonniers.
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               Au commencement du XVIe s., trois familles interviennent dans la possession de la seigneurie : les Manderscheit, les Virnembourg et les La Mark.
               Nous nous abstiendrons d'entrer ici dans les détails. Nous ne retiendrons que l'un ou l'autre fait.
               Thierry, comte de Manderscheit, et Marguerite de Sombreffe, sa femme, vendirent la ferme du Vieux Château de Lornoir à Jean Salmier. A son tour, ce nouveau propriétaire la céda à Jean, comte de Virnembourg. Ce dernier en fut investi, avec divers fiefs situés à Grand-Leez, par Charles Quint, le 8 avril 1516.
               Ernest de La Marck, seigneur de Grand-Leez, était aussi comte de Manderscheit, seigneur de Lumay, de Seraing-le-Château, d'Ottignies et d'autres lieux. Le 30 juillet 1614, il vendit la seigneurie de Grand-Leez à Jacques d'Argenteau, seigneur de Velaine-sur-Sambre.
               Démoli par ordre de Louis XIV, à la grande joie des habitants de Visé, le château d'Argenteau se dressait sur un rocher de la rive droite de la Meuse inférieure, à près de quinze km de Liège. Le castel actuel fut construit au XVIIIe s., non loin des ruines du manoir précédent.
               A Jacques d'Argenteau succéda son fils Conrad.
               Le 12 mai 1638, les frères Conrad et Nicolas d'Argenteau engagèrent leurs biens de Grand-Leez et de Velaine-sur-Sambre à Charles de Monin, échevin de Namur.
               Le 21 juillet 1645, Nicolas d'Argenteau recourut encore à Charles de Monin, pour obtenir de lui un capital moyennant le payement d'une rente affectée sur les deux seigneuries précédentes.
               Quand Marguerite-Claire-Thérèse d'Argenteau épousa Jean-Hubert comte de Corswarem, elle fit passer la seigneurie de Grand-Leez aux mains d'une nouvelle maison (1677).
Les Corswarem
               Le 24 décembre 1734, l'empereur Charles VI avait élevé au rang de duc Joseph-Philippe-Hyacinthe et Louis, petits-fils de Jean-Hubert de Corswarem. Le premier appliqua le titre de Corswarem-Looz à cinq localités, dont Wavre et Grand-Leez. Le second prit l'appellation de Looz-Corswarem.
               Corswarem est une localité de la province de Limbourg, située à une quinzaine de km de Saint-Trond, On y voit l'ancien château des princes de Looz. Looz se trouve à 11 km de Saint-Trond. C'était jadis une ville, chef-lieu d'un comté qui comprenait une grande partie de l'actuelle province de Limbourg (sauf Saint-Trond, Tongres et quelques villages riverains de la Meuse).
               Les comtes de Looz étaient fort puissants. Ils avaient comme vassaux plus de quatre-vingts seigneurs hautains et plusieurs centaines de seigneurs fonciers. Leur souveraineté s'étendait sur d'importantes seigneuries des duchés de Brabant et de Limbourg, du comté de Namur et de la principauté de Liège.
               Joseph-Philippe-Hyacinthe était issu en ligne directe et masculine des princes souverains de Looz. Il mourut le 3 juillet 1777, à 88 ans et 3 mois. Il fut enseveli dans l'église Sainte-Marie à Etalle (sur la Semois, dans le sud du Luxembourg).
Les revenus du monastère de Floreffe
              Par des édits datés du 22 et du 27 mai 1786, du 4 et du 20 janvier 1787, l'empereur Joseph II avait ordonné un recensement des biens ecclésiastiques dans les Pays-Bas autrichiens.
La réponse de l'abbaye de Floreffe à ces mesures nous fait connaître les revenus du monastère à Grand-Leez.
               - La cense de la Converterie comprenait cent bonniers quarante-quatre verges de terre labourable, deux bonniers et un journal de prairie. Avec la location de la dîme, elle rapportait au total 2.558 florins 2 sols, dont 1.736 en argent et le reste en nature (froment, seigle, escourgeon, pois, porcs et vin).
               - Les cens de la cour foncière s'élevaient à 13 florins 8 sols 4 deniers.
               - La location de trois journaux de terre donnait 10 florins.
               - Les chênes et les hêtres croissant dans quatre-vingt bonniers de bois
               - Les autres essences appartenant aux Grand- Leeziens - fournissaient 30 florins.
C'est dire qu'un revenu annuel de 2.611 florins 10 sols 4 deniers constituait pour les prémontrés de Floreffe un rapport non négligeable.
La vente de la ferme de la Converterie
               Le 28 pluviôse an V (16 février 1797), la ferme de la Converterie fut vendue comme bien national. Elle comprenait alors quatre-vingt-dix bonniers un journal (soit 82 ha 66 a). Elle avait été estimée à 29.460 livres. Elle fut cédée pour 11.822 livres à Jean-Baptiste Paulée, un financier de Douai-Paris, qui acheta plusieurs propriétés ecclésiastiques dans l'arrondissement de Namur, dont l'abbaye de Gembloux.
Les domaines cisterciens
               Les bénédictins, puis les prémontrés ne furent pas les seuls religieux à posséder des domaines à Grand-Leez. Il y eut également les cisterciens et les cisterciennes.
               Siger de Grand-Leez se fit moine à Villers-la-Ville en 1200. Du consentement de son père Henri, de sa mère Ode, de ses frères Thomas, Walter et Enguerrand, il donna à son abbaye quatre bonniers de terre inculte de son alleu. Ses parents y ajoutèrent de leurs biens-fonds.
               Mais il est à croire que les cisterciens de Villers-la-Ville ont aliéné ce domaine. Toutefois, nous en ignorons les circonstances. On possède un inventaire des biens de la célèbre abbaye brabançonne, daté de Malines en 1543. La propriété de Grand-Leez n'y figure pas : ni dans le quartier de Mellemont (dont dépendaient Perwez et Thorembais-les-Béguines), ni dans celui de Villers (où apparaît Gembloux).
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               Un rapport fut présenté le 31 juillet 1755 par la boursière d'Argenton (Lonzée) aux commissaires du gouvernement chargés de présider l'élection abbatiale dans son monastère. Il fut confirmé par la déclaration de l'abbesse et du couvent, en date du 18 février 1787, en réponse aux édits impériaux de recensement des biens ecclésiastiques dans les Pays-Bas autrichiens. Il en ressort que les moniales d'Argenton possédaient dans les seigneuries de Grand-Leez et de Petit-Leez une pièce de terre de 15 bonniers, 2 journaux et 61 verges (à 400 verges le bonnier, pied de Saint-Lambert). Ce domaine était chargé de 13 setiers de seigle et de 20 setiers d'avoine. Il devait, en outre, un cens de 25 sols 9 deniers. Il était remis à bail à Sébastien Taquin. Il rapportait par année commune 174 florins 14 sols 10 deniers.

Chapitre quatrième
LE FIEF DE RIPEUMONT
La nature
               Ripemont, de nos jours Rèpeumont, s'est écrit de bien des manières : Rippemont, Rupemont, Ruppemont, Rapemont, Ripelmont, Replemont, Repleumont...
               C'était une maison seigneuriale, avec censé, relevant en plein fief de la seigneurie de Grand-Leez. Elle était située à proximité de Sauvenière, au confluent du Ruisseau de Liroux et de l’Orneau.
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               Les Ripemont sont issus d'un cadet de la famille de Walhain. Ils ont adopté les armes brisées de cette maison.
               On les connaît surtout par leurs relations amicales avec l'abbaye de Gembloux, à laquelle, au cours du bas moyen âge, ils ont fourni Un abbé et qu'ils ont comblée de leurs bienfaits. Plus d'un membre de cette famille fut maïeur de Gembloux. Nous allons en juger en connaissance de cause.
Les Ripemont du XIIIe au XVe s.
               Le premier Ripemont que nous ayons à signaler est Gérard. Bien qu'il ne fût pas chevalier, il se trouva du nombre de ceux que le duc de Brabant Henri Ier (1190-1235) convoqua, lorsqu'en septembre 1217 il eut à déterminer les droits de l'avoué de l'abbaye de Gembloux.
               En 1312, ou peu après, Jacques de Ripemont devint maïeur de Gembloux. Il possédait à Dion des biens dépendant en fief du duché de Brabant.
               Jean de Ripemont constitua, en 1314, à l'avantage du monastère de Gembloux, une rente de trois setiers de seigle, garantie sur un bonnier quatre-vingt verges de terre et de pré, situés entre le Tiège et l'Orneau.
               En 1344, Jacquemin de Ripemont établit un record déclarant que l'abbé de Gembloux était seigneur de Boulers à Mont-Saint-Guibert. En 1349, il gratifia le monastère de Gembloux d'une rente de vingt muids de blé, garantie sur seize bonniers de terre situés à Sart-Hachet (Ernage). Chevalier, seigneur de Bomal-sur-Gette et de Bonlez, il prêta, en 1356, serment de fidélité à Louis de Male, nouveau maître du Brabant wallon. Il reçut, le 8 avril 1357, du receveur de Gembloux quatre-vingt vieux écus, pour l'aide fournie par lui à la ville dans le paiement de la taille. Constitué prisonnier par Henri de Wine, alors qu'il se trouvait au service du duc et de la duchesse de Brabant, il obtint en dédommagement cent vingt-six écus, le 10 mai 1359.
               Plusieurs descendants de son fils Jean, seigneur de Bomal-sur-Gette, devinrent souverains-maïeurs, lieutenants-maïeurs ou échevins de Gembloux.
               Nicolas de Ripemont fut abbé de Gembloux de 1379 à 1397. Un de ses parents, l'écuyer Guillaume, dit Tailfer, de Ripemont, occupa le poste de maïeur de Gembloux en 1385, 1393 et 1394. En 1395, il laissa à l'abbaye de Gembloux une rente de huit muids de seigle, garantie sur des biens d'Ernage. Sa femme, Isabelle de Limelette, fit, le 1er mai 1412, des legs au monastère Saint-Pierre, à l'église paroissiale Saint -Sauveur et à l'hôpital Saint-Nicolas de Gembloux. En 1414, le même Guillaume de Ripemont accorda douze muids de seigle au couvent de Gembloux, pour que trois messes fussent célébrées par semaine à ses intentions dans la chapelle abbatiale. En 1421-1422, il reconnut aux bénédictins de Gembloux un droit de cinquante-trois vieux gros trois deniers sur les héritages de Laloux à Ernage. Enfin, en 1429, il fut donné aux moines gembloutois dix setiers de seigle afin qu'au jour anniversaire de la mort de Guillaume de Ripemont, la messe des défunts soit célébrée pour le repos de son âme.
               En 1431, Jacques de Ripemont constitua pour l'abbaye de Gembloux une rente de dix-huit vieux gros et demi sur plusieurs terres sises à Petit-Manil.
               En 1436, la même institution religieuse reçut une rente de douze muids et demi de seigle, établie sur cinq journaux de terre longeant le chemin d'Ernage, ainsi que sur la maison de Jean de Ripemont, sise à Vaux-Ernage. En 1447, ce furent les vicaires de Gembloux qui obtinrent une rente de deux muids de seigle, affectés sur les biens-fonds de la même personnalité à Sauvenière.
               Signalons, enfin, qu'en 1492, Ernoul de Ripemont constitua Une rente d'un muid de seigle sur plusieurs champs à Sauvenière à l’avantage de l'abbaye de Gembloux.
               Tous ces exemples nous montrent combien les bénédictins de Saint-Pierre avaient bénéficié des généreuses libéralités dont les Ripemont les avaient gratifiés de génération en génération.

Chapitre cinquième
LA PAROISSE
L'ancienneté
La paroisse Saint-Amand de Grand-Leez est fort ancienne. La preuve en est fournie par le caractère de son église qualifiée de majeure ou entière. Une pareille église, en raison de son antiquité, devait payer l'intégralité des redevances dues à l'évêque pour l'obsonium (le droit de gîte accordé au prélat et à sa suite) et le cathedraticum (les frais d'administration réclamés par l'évêché).
               Elle faisait partie du doyenné de Gembloux, dans laquelle elle se trouve encore de nos jours. Sa dépendance du diocèse de Liège dura jusqu'en 1561. A partir de cette date, elle est entrée dans le nouveau diocèse de Namur.
La collation de la cure
La collation de la cure (ou désignation du curé) et la perception des dîmes étaient aux mains de laïcs au commencement du XIIe s. En 1153, grâce à la diligence du prince-évêque Henri de Leez, elles furent dévolues au prieuré de Basse-Wavre. En 1175, elles revinrent à l'abbaye norbertine de Floreffe.
               Au XVIe s., en prenant possession de leur cure, les chanoines prémontrés devaient prononcer un serment, dont voici les points principaux :
               - Rester toujours sous l'obédience de l'abbé de Floreffe.
               - Si, pour une raison quelconque, ils se trouvaient privés de leur charge, ils devaient offrir leur démission et retourner vivre au milieu de leurs confrères dans le monastère de la Sambre.
               Endéans l'année de la prise en charge, ils avaient à dresser la liste de tous les biens mobiliers et immobiliers de leur cure, et la modifier à chaque changement.
               Ils ne pouvaient ni vendre ni aliéner de quelque manière que ce fût les immeubles, sans le consentement de l'abbé.
               Ils étaient astreints à se confesser au moins une fois par an à leur prélat, s'ils en étaient requis.
               Il leur fallait s'abstenir de conférer des bénéfices d'autel ou de chapellenie existant dans la paroisse, sans le consentement exprès de l'abbé (à moins que ce ne fût sur son ordre).
               Ils n'avaient pas à chercher à être relevés de ce serment, même par le Siège apostolique.
               Ils devaient tenir pour invalide tout ce qui serait attenté ou entrepris contre ce serment.
Charles Bultot
               Les prémontrés de Floreffe desservirent la paroisse de Grand-Leez pendant tout l'ancien régime. Ils y déléguèrent certains de leurs confrères comme curés ou comme vicaires.
               Le dernier d'entre eux fut Charles Bultot. Nommé curé de Grand-Leez en 1782, il resta caché dans le village, tant que les sans-culottes y régnèrent en maîtres. Il célébrait le culte en cachette. La population le protégeait. Quand des gendarmes arrivaient pour l'arrêter, il était prévenu par l'un ou l'autre de ses paroissiens et il parvenait toujours à fuir. Un jour, le chef de patrouille venu pour se saisir de lui s'écria : «Le sacré bougre, il a encore réussi à filer.»
               L'église d'ailleurs restait fermée. Elle avait été achetée par un cultivateur, D. Nivaille, maire de la commune. Pour qu'on ne puisse pas le soupçonner de l'avoir acquise pour la rendre au culte, il l'avait convertie en fournil et en grenier. Mais après la signature du Concordat, il s'empressa de la donner à l’évêché de Namur, administré alors par le vicaire général Cornélius Stevens (1747-1828).
Adam-Joseph Blomart
A la suite du Concordat de 1801-1802, l'organisation des paroisses fut remaniée dans le diocèse de Namur. Charles Bultot devint curé de Gembloux, puis curé de Saint-Loup à Namur, avec le titre de vicaire général honoraire. Il mourut le 8 août 1813.
               Son remplaçant à Grand-Leez s'appelait Adam-Joseph Blomart. Cet ancien bénédictin de Gembloux, en religion dom Denis-Augustin, était né à Braine-le-Comte en 1750, Moine depuis 1772, il avait été désigné comme curé de Gembloux par son abbé, dom Colomban Wilmart, en 1791. Il se montra particulièrement ferme au cours de la persécution religieuse de 1797.Il fut arrêté en février 1798, et conduit à l'île de Ré, où il arriva le 29 septembre 1798. Il revint à Gembloux le 20 janvier 1800. Il mourut dans sa cure de Grand-Leez, le 13 septembre 1808. Il était âgé de 58 ans.              
Les sanctuaires primitifs
               D'après une tradition incontrôlable, une chapelle aurait été érigée au XIe s. par les bénédictins d'Affligem, défricheurs des terrains de la ferme de la Couverterie. Elle se serait trouvée sur un des points les plus élevés du territoire de Grand-Leez, près des bâtiments actuels de l'exploitation agricole. Elle aurait été démolie au XIIIe s.
               Une autre fut bâtie, là où se dresse l'église actuelle. Elle subsista jusqu'en 1780.
               Près de l'église exista jusque vers 1880 la Fontaine de Saint-Amand. On recourait à ses eaux pour obtenir la guérison des maux de reins. Bien des malades s'y rendaient en pèlerinage.
Le transfert de bénéfices
               Le 16 novembre 1679, Christophe de Heest, quarante-neuvième abbé de Floreffe (1677-1686), incorpora à la cure de Saint-Martin-Balâtre les bénéfices de Saint-Nicolas et de Sainte-Catherine, fondés dans l'église Saint-Amand de Grand-Leez. Il y mettait une condition : le curé de Balâtre se contenterait, comme jadis, du tiers des dîmes grosses et menues levées dans sa paroisse.
Les chapelles de Petit-Manil et de Sart-Pasteau
               Sous l'ancien régime, deux chapelles étaient situées sur le territoire de la paroisse de Grand-Leez.
               L'une était Saint-Denis, devenue par la suite Saint-Denis-et Nicaise, puis Saint-Nicaise. Elle était située à Petit-Manil, une dépendance actuelle de Sauvenière. La collation en était réservée à l'abbé de Floreffe. A la fin du XVIIIe s., le hameau ne comptait plus que deux fermes et trois maisons.
               L'autre chapelle était dédiée à saint André. Elle s'élevait à Sart-Pasteau, une dépendance de Walhain. Elle avait été fondée par un seigneur local et était castrale. Aussi la collation en resta-t-elle entre les mains du seigneur de l'endroit.

Chapitre sixième
L'ART
L'église paroissiale Saint-Amand
               Dominant la partie occidentale de Grand-Leez, l'église paroissiale Saint-Amand a été bâtie sur la butte contenant également l'ancien cimetière. Dans sa présentation générale actuelle, elle date de 1786, comme le prouve le millésime gravé au-dessus du porche. Les plans en ont été dressés par l'architecte Jean-François Wincqz, auteur du quartier abbatial et des écuries de l'abbaye de Floreffe.
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               De type basilical, à caractère néo-classique, l'édifice comporte trois nefs, bien éclairées. Sa décoration est très sobre, tant pour les autels que pour les colonnes et les pilastres.
               Le maître-autel est en marbre. La table se trouve ornée de l'Agneau mystique. Le tabernacle provient d'un ancien autel de la fin du XVIIIe s. D'une hauteur de 70 cm, il est en bois peint, partiellement doré. Sa porte a reçu comme garniture la représentation d'un ciboire. Le maître-autel est surmonté d'un Christ ancien. Des guirlandes en marbre l'agrémentent.
               Aux autels latéraux trônent des statues en bois plâtré et polychromé de la fin du XIXe s. Elles présentent deux m de haut. D'un côté, la Vierge Marie, avec l'Enfant, porte sceptre et globe. De l'autre figure saint Amand.
               La table de communion, en chêne, est ornée de huit médaillons, entourés de rinceaux et de nœuds Louis XVI. Ces miniatures reproduisent des symboles eucharistiques : un pampre de vigne, l'arche d'alliance, le chandelier à sept branches, les pains de proposition, l'hostie et le vin du sacrifice, l'autel des holocaustes, celui des parfums, un pampre de vigne.
               Jusqu'en 1950, le chœur présentait une décoration murale, sombre et délicate, à base d'ors éteints. Il reste entouré de panneaux de chêne, où l'on admire des conques régulières, des nœuds Louis XVI, des volutes, des acanthes et des guirlandes.
               La chaire de vérité, en chêne, date de la fin du XVIIIe s. Elle s'apparente comme style aux boiseries du chœur.
               Les quatre confessionnaux, en chêne, sont de la même époque que la chaire de vérité.
               Il en est de même des fonts baptismaux, dont la cuve, avec couvercle en laiton, est englobée dans une maçonnerie.
               Tout ce mobilier artistique pourrait dater de la reconstruction même de l'église.
               Quant aux orgues, elles ont été réparées vers 1950.
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               Des dalles funéraires sont incorporées à divers endroits du pavement de l'église. Leur inscription est généralement illisible, sauf celle de Thomas Sacré, mort à 67 ans, le 13 février 1599.
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               Dans la sacristie, construite en prolongement du chœur, est placée une statuette de bois polychromé : atteignant 37 cm de haut, elle figure saint Roch avec son chien (1ère moitié du XVIIIe s.).
               Un ostensoir-soleil, de type classique, mesure 68,5 cm de hauteur. Datant de 1791, il est en argent partiellement doré. Il a été offert à l'église par le curé Charles Bultot, ainsi que l'attestent les initiales C.B. précédant le millésime figurant sur le pied. Cette partie de l'œuvre d'art porte trois représentations : l'Agneau apocalyptique, les Tables de la Loi, le Delta mystique. Le poinçon Namur, 91, AIB, renvoie à l'orfèvre namurois Antoine-Joseph Bodart.
               Un calice en argent, d'une hauteur de 16,5 cm, date de la première moitié du XVIIe s., mais sa coupe paraît moderne. Il offre la devise Labore et Patientia de Jean Roberti, abbé de Floreffe de 1607 à 1639.
               Un autre calice en argent présente une hauteur de 24 cm. Privé de décor, il ne vaut que par l'élégance de sa structure octogonale. Daté de 1744, il a été façonné probablement par l'orfèvre liégeois Henri-Joseph Lamotte.
               Deux couronnes d'orfèvrerie, en argent, datent de 1712. Elles sont destinées, l'une à la Madone, l'autre à son Fils. La couronne de la Vierge présente 6,5 cm de haut et 7 cm de diamètre. Son poinçon porte le lion de Namur et le millésime 1712. La couronne de l'Enfant Jésus a 5,5 cm de haut et 6 cm de diamètre. Son poinçon contient le briquet de Bourgogne et le lion de Namur.
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               La tour abrite trois cloches. Celle nommée Marie a été fondue par A.-L. Van Aerschodt, de Louvain. Elle est ornée des représentations de la Vierge, de l'Enfant Jésus et de saint Amand. Datée de 1842, elle est en néo-gothique. Elle mesure 1 m de haut et 1 m 10 de diamètre.
Le presbytère
               Le presbytère date du XVIIe s., mais il a été remanié au XVIIIe. Construit en L, il possède deux niveaux en brique et en pierre bleue.
               Il offre des tapisseries et des cheminées remarquables. De style Louis XVI, les toiles artistiques collées au mur représentent des paysages surtout aquatiques du vieux Grand-Leez, des bouquets et des liserons. Elles aboutissent à des consoles admirablement ouvragées. Des médaillons pendent des trophées d'armes abbatiales et des instruments de musique. Ces tapisseries garnissent le salon, le parloir et une chambre à l'étage.
               Des poteries de Delft ornent le creux de la cheminée au salon et dans une chambre à coucher. Quatre chandeliers de plâtre, en style Louis XVI, complètent cette décoration.
               En face du presbytère s'élève la grange à la dîme. Elle ne garde guère de traces du XVIIIe s. (portail, porte en plein cintre, deux fenêtres murées), le tout remanié au siècle suivant. Sur une des fenêtres obstruées, donnant sur le jardin de la cure, figure un crucifix en pierre bleue. On l'a cru du XIe s. D'aucuns le disent du XVIIe. Il présente un caractère tort archaïque, surtout par la position des jambes arquées.
Le monument aux morts
               Un monument aux morts, victimes des deux guerres du XXe s., est érigé sur la place de l'Eglise. Il représente un soldat et un civil. Il fournit la liste des décédés, classés sous trois rubriques, les déportés, les fusillés, les combattants. L'ensemble est en pierre d'Ecaussines.
Les chapelles
               La chapelle Notre-Dame des Sept Douleurs n'est guère éloignée du cimetière, sur la route de Gembloux. Datée de 1753, elle abrite son étroite et haute construction en brique à l'ombre de trois tilleuls. Elle présente un caractère brabançon. Sa porte Louis XIV est surmontée d'un cintre bombé. Son vantail apparaît à claire-voie. Sa fenêtre supérieure, bombée, est munie de barreaux. Elle offre une pierre millésimée. Le toit est en bâtière d'éternit.
               L'intérieur s'enrichit d'une voûte sur croisées d'ogives. La nef est éclairée par deux petites fenêtres bombées. Le chœur se termine par trois pans.
               La chapelle Notre-Dame des Sept Douleurs a été appelée la chapelle Nivaille : ce nom, déjà connu de nous par le maire D. Nivaille, est celui d'une vieille famille de la localité.
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               La chapelle Saint-Roch a été édifiée dans le troisième quart du XIXe s. Une épidémie de choléra sévissait alors à Grand-Leez. Malheureusement, l'édifice est abandonné.
               Quant à la statue de saint Roch, elle se trouve conservée au presbytère. D'une hauteur de 106 cm, elle est en bois polychromé et contemporaine de la chapelle.
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               Près de la ferme de Taravisée, au croisement des routes, se dresse une potale classique, en pierre bleue. Sur son socle se lit l'inscription : «Ste/Barbe prie/pour nous/1783.» La niche en plein cintre est moulurée.
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               D'autres chapelles sont érigées en l'honneur de Notre-Dame de Lourdes, de saint Joseph et de saint Ghislain.
Les fermes
               Ancienne propriété de l'abbaye norbertine de Floreffe, la ferme de la Converterie s'élève à l'ouest de l'agglomération, rue de la Station, n° 5. Elle groupe autour d'une cour carrée des constructions en brique et pierre bleue, chaulées et d'aspect coutumier du milieu du XVIIIe s.
               Le portail d'entrée et celui de la grange extérieure sont jumelés et en plein cintre.
               Construit au Sud-Est, le corps de logis principal porte des ancres où se lit le millésime 1857. Il s'agit de l'année au cours de laquelle les pignons furent surélevés. De gracieuses girouettes représentent les silhouettes d'un cheval et d'une vache.
               Un autre corps de logis, bas, occupe l'angle septentrional. Les étables et les dépendances s'élèvent dans les côtés restants.
               Les bâtières sont variées : en ardoises, en éternit ou en tuiles. Les deux corps de logis sont agrémentés de frises.
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               Depuis 1580, la ferme de l'Espinette était exploitée par la famille Lardenois. Au cours du XVIIe s., Jacques Lardenois épousa Marguerite de Henin. Leur fils Jean-Baptiste se maria avec Marguerite de Fumal, le 3 octobre 1711. En 1724, par octroi de Charles VI, il vendit l'Espinette, le 2 novembre de cette année, à Philippe Gomand. Depuis lors, les Gomand exploitent la ferme.
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               Dans son état actuel, l'antique ferme seigneuriale de Ripeumont date de la première moitié du XVIIIe s. Construite en brique et en pierre bleue, elle possède une bâtière en éternit. Des fenêtres ont été créées au pignon Nord-Ouest au cours du XIXe s. Dans les dépendances du XVIIIe s., des percements ont été effectués durant les XIXe et XXe siècles.
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               Deux fermes sont à signaler route de Gembloux. Au n° 3, une petite exploitation rurale date du premier quart du XIXe s. Au n° 6 se dresse la ferme de Légillon, mieux connue sous le nom de ferme Nivaille. La porte cochère s'intègre dans la partie ancienne. Le corps de logis, du XVIIe s., s'apparente au type brabançon traditionnel. Les fenêtres du rez-de-chaussée ont été remaniées. Le fournil remonte au XVIIIe siècle.
Les maisons
               Sur la place de l'Eglise, précédée d'un jardinet, se dresse une grosse maison, de 1784. Rue de Gembloux, n° 1 , une demeure ancienne présente une porte du troisième quart du XVIIIe siècle.

DEUXIEME SECTION : PETIT-LEEZ

Chapitre premier
LA GEOGRAPHIE
               Petit-Leez constitue la section méridionale de l'ancienne commune de Grand-Leez.
               Il est arrosé par l'Orneau, arrivant de Meux, et par le Try, en provenance de Meux et de Saint-Denis. Tandis que l'Orneau, se dirigeant vers le Nord, pénètre dans Grand-Leez, le Try oblique à gauche vers Lonzée pour y former l'Arton.
               L'altitude atteint vers la pointe Sud 172 m 50.
               Le nom signifie Petit-Lac. Cette étendue marécageuse s'étendait de Grand-Leez à Meux.
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               Un dénombrement fut effectué à Petit-Leez le 22 juin 1496. On repéra alors dans la seigneurie deux maisons habitées par des gens aisés et dix-huit par des pauvres. Le plein fief, relevant du duc de Brabant, appartenait au seigneur du lieu.
Chapitre deuxième
L'HISTOIRE
               L'histoire de Petit-Leez se confond en majeure partie avec celle de Grand-Leez.
               On a décelé des vestiges gallo-romains, notamment des traces de poteries.
               Dans une prairie marécageuse, reste d'un petit lac et appelée le Pré de la Chapelle, subsistent trois monticules, sur lesquels auraient été construits un château et une chapelle. En tout cas, on y a mis au jour beaucoup de pierres et de débris de ciment.
               A quelque 200 m de ces élévations de terre, une autre éminence, située dans le Pré des Mottes, a été formée artificiellement au moyen de terres argileuses. Vers 1840, on y a trouvé une grande pierre de taille. Serait-ce un fragment du château des comtes de Looz ? Lorsqu'on a nivelé le terrain, on a découvert un petit cheval de bronze.
               Petit-Leez fut saccagé en 1647, au cours d'une des guerres franco-espagnoles sévissant à l'époque dans nos provinces.
               En 1692, le centre gauche de l'armée française, en route pour assiéger Namur, passa près du château de Petit-Leez. Il alla camper à Dhuy.
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               A proximité du château de Petit-Leez se dressait jadis une chapelle dédiée à sainte Marie-Madeleine. Sa collation était réservée au seigneur local, à titre de fondateur. Elle se trouvait située au «Pré à la Chapelle», dans le voisinage de la «Terre des Bénéfices», où s'élevait une maison presbytérale.
               En 1725, chapelle et maison tombaient en ruine. Elles servaient de refuge aux hiboux et occasionnellement aux méchantes gens.
               Le bénéficiaire, Guillaume-Dieudonné Tara, demanda à l’évêque de Namur, le 1er mars 1725, la permission de faire démolir le sanctuaire et d'en employer les matériaux à l'édification d'une maison décente. La chapelle, d'ailleurs désaffectée depuis longtemps, faisait double emploi avec celle érigée dans le château sous le vocable de la même sainte. Le curé de Grand-Leez, G. Lambillon, appuya la requête de son confrère.
               L'évêque de Namur, Ferdinand de Berlo, marqua son accord le 4 mars. Il demanda pourtant qu'une croix fût plantée à l'endroit où l'ancienne chapelle avait été érigée et qu'on lui fît constater l'existence de la nouvelle demeure.
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               En parcourant la liste des partants (1830-1851), conservée dans les archives paroissiales de Grand-Leez, on voit qu'en 1855-1856, huit familles de Petit-Leez ont émigré vers l'Amérique.

Chapitre troisième
LA SEIGNEURIE HAUTAINE
La nature
               A l'instar de celle de Grand-Leez, la seigneurie hautaine de Petit-Leez relevait de la cour féodale de Brabant.
               Elle n'était guère étendue. En effet, elle ne comprenait au XIVe s. que cinquante bonniers de terre, quatorze de bois, quatre de prairies, quatre de marais ou d'étangs. Ses rentes en nature consistaient en soixante-douze chapons, trente-six poules, trente-six pains et douze muids d'avoine.
               Elle se trouvait à la tête d'une vingtaine d'arrière-fiefs.
               Comme toutes les seigneuries, elle fut supprimée en 1795, à la suite de l'annexion des anciens Pays-Bas autrichiens à la France et de l'application dans nos principautés des lois révolutionnaires mettant fin à l'ancien régime.
Les Petit-Leez
               A notre connaissance du moins, le plus ancien seigneur fut Henri de Petit-Leez. Son nom figure dans des actes de la fin du XIIe et du début du XIIIe s.
               En 1191, il fut témoin, avec Henri de Grand-Leez, de l'arbitrage porté par Henri 1er, duc de Brabant, dans le conflit opposant l'abbaye de Floreffe et les manants de Grand-Leez, à propos de l'usage du mort-bois (les essences autres que les chênes et les hêtres) dans la forêt du monastère.
               Vers la fin du XIIe s., il entra lui-même en contestation avec les prémontrés de Floreffe, au sujet de donations octroyées à ces chanoines par son oncle Arnold, son père et sa mère. Il exigeait d'eux une rente annuelle d'un demi-muid d'avoine. Mais, à la suite de l'intervention du duc de Brabant Henri 1er, il reconnut que le monastère de la Sambre ne lui devait par an que dix-huit deniers de cens.
               Son fils Gilles est cité comme témoin noble dans un acte du duc de Brabant Henri 1er en faveur de l'abbaye de Heylissem.
               En 1245 apparurent le chevalier Philippe de Leez et son frère Thomas.
               Il semble que la branche des Petit-Leez se soit éteinte alors.
Les changements de maison
               En juillet 1263 intervint un partage de biens entre les trois fils de Guillaume del Aunoit. Thomas de Lais et son fils Jean y assistèrent comme témoins. L'aîné, Renier, reçut Petit-Leez, avec tous ses fiefs et ses alleux, ainsi que les biens de Glimes, de Meux et d'Argenton. Toutefois, il devait verser à sa sœur Marguerite, moniale à Argenton, une rente viagère de quatre muids de seigle. L'acte fut passé au monastère de Gembloux. Il fut scellé par le prélat de cette abbaye, Raoul.
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               En 1311, la seigneurie hautaine de Petit-Leez fut acquise par le chevalier Arnoul de Tillich. Le 27 février 1312, une contestation surgit entre ce nouveau propriétaire et l'abbaye de Floreffe. Elle concernait les droits des prémontrés dans la seigneurie. Elle fut réglée au profit de ces religieux par Renier de Grandbais, bailli de Nivelles.
               De temps immémorial, à Petit-Leez comme à Grand-Leez, les chanoines de Floreffe se comportaient en seigneurs fonciers. Ils exerçaient les droits de basse justice sur leurs tenanciers. Par leur cour, ils réglaient les affaires de dettes, plaçaient des bornes entre les tenures, faisaient garder par leurs sergents les chemins et les terrains communaux. Le profit d'un bornage était partagé entre l'abbé et l'échevinage, d'une part, la justice de l'autre.
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               Par la suite, la seigneurie hautaine de Petit-Leez changea souvent de main. En voici quelques preuves.
               Par achat réalisé auprès de Robert del Barre en 1437, Jean Ridéal obtint à Petit-Leez la haute et la basse justice, cinquante bonniers de terre, cinquante-sept chapons, trente-six poules, trente-six pains, quatre aimes (d'environ 170 litres) d'avoine et quarante-cinq sols de bonne monnaie par an, ainsi que vingt hommages, le tout comme l'avait tenu Isabelle de Raucourt (épouse de Jean de Vorst). Cette mention de 1437 nous fait connaître trois familles, propriétaires successifs de la seigneurie hautaine de Petit-Leez : les Raucourt, les Barre et les Ridéal.
               Paul, baron de Berloz, Jean de Berloz (époux de Marguerite d'Aoust), Marguerite et Marie-Hélène, chanoinesses de Moustier-sur-Sambre, Maximilienne et Eugénie, chanoinesses de Nivelles, étaient les enfants du baron de Brust et de sa première femme, Marie de la Fontaine. Du consentement de leur belle-mère, Marie-Catherine Carondelet, ils vendirent la seigneurie hautaine de Petit-Leez à Michel d'Aoust et à sa femme Marie de Villers-au-Tertre. Ici apparaissent comme seigneurs de Petit-Leez à tour de rôle les Brust, les Berloz et les Aoust.
               Signalons encore qu'il est question du chevalier Pierre-Ferdinand de Hamilton à propos de la seigneurie hautaine de Petit-Leez en 1651 et de Jacques Drouot, au sujet de la terre de Petit-Leez, en 1664.
Chapitre quatrième
LE CHÂTEAU
L'allure générale
               Le château de Petit-Leez présente les caractéristiques des manoirs anciens de la région. Bâti au XVIIe s., alors qu'on utilisait de grosses briques pétries à la main, du mortier à la paille de seigle et de vieux chênes, il est resté en bon état, malgré la proximité des marais. Avec ses tours carrées, ses pierres de taille encadrant les portes et les fenêtres du corps de logis, ses clochetons d'agrément, il est admirablement proportionné.
               On raconte qu'un comte de Grimberghe s'y est pendu en 1603.
               Sa chapelle castrale est dédiée à sainte Madeleine.
La description
Voyons-en de plus près la description. L'entrée principale s'effectue à l'angle Nord-Ouest, par un portail en plein cintre.
               Autour d'une cour rectangulaire s'élèvent des constructions des XVIIe, XIXe et XXe s.
               L'imposant corps de logis occupe la partie méridionale. Son soubassement est construit en moellons de grès biseautés. Il possède deux ou trois niveaux. Au premier étage figurent les armes des comtes de Grimberghe et le millésime 1618. L'ensemble est flanqué de deux tours à cinq niveaux. On y décèle des traces de meurtrières.
                   Les étables s'allongent du côté occidental. Elles présentent des portes en plein cintre et de petites baies à linteau droit. Elles sont flanquées de tours à deux étages, munies d'arquebusières.
               A l'Est, un portail secondaire possède un arc surbaissé, dont la clé montre le millésime 1673.

Grand-Leez et Petit-Leez – par l’abbé Joseph Toussaint.  

©  Parution dans l’Orneau (15 semaines) fin 1981.
Grâce à l'aimable intervention de Jean Claude. Merci.
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